Ce recueil de nouvelles gravite autour de ce qui nous tient à coeur, de ce qui obsède l'esprit et de ce qui nous garde en vie. Ces volets s'articulent en trois mouvements de quatre nouvelles chacun : 1) Il y a d'abord des histoires de résistance qui portent sur la révolte cabrée des personnages contre des systèmes qui les oppriment. 2) Il y a ensuite des récits qui ironisent autour de l'insistance, i.e. autour de ce qui peut occuper trop l'esprit et qui ne le mérite pas, étant entendu que la bêtise insiste toujours et que la sagesse consiste à savoir abandonner une entreprise futile. 3) Il y a enfin des textes sur la persistance et qui renvoient à un bon entêtement, celui qu'on éprouve dans la poursuite de valeurs fondatrices, de celles qui donnent un sens à la vie, comme l'amour, la rêverie poétique et la création. Ces nouvelles se présentent sous la forme d’une structure forte et s’efforcent de ne jamais séparer l'émotion de son intelligence.
"Il se dégage de ce recueil une étonnante unité. Ce qui nous tient autant pour sa construction que pour chacune de ses nouvelles est donc à lire absolument." Alain Lessard, Nuit blanche 33 (sept-nov. 1988): 4
"Ce qui nous tient, brillante suite au Surveillant, tant par la qualité intrinsèque de chacun des récits que par les rapports que ce recueil entretient avec les publications précédentes de l'auteur. Brulotte vient donc d'offrir un recueil égal à son talent et qui invite à la relecture de son oeuvre." Claude Grégoire, XYZ, février 1989.
"Gaétan Brulotte dépasse les limites qui définiraient les genres traditionnels. [...] Il s'agit d'un mélange savant de fiction, d'herméneutique et d'autobiographie, le tout avec une bonne dose d'ironie brulottienne. Comme dans son oeuvre antérieure, l'écrivain se distingue par l'élégance de son style, par un perfectionnisme du vocabulaire, qui se voit partout dans des jeux de mots et dans une prédilection pour des termes riches et rares. Qu'elles s'ancrent dans un certain quotidien, qu'elles frôlent le fantastique kafkaesque et inquiétant, qu'elles montrent les paroxysmes de la passion, ou encore qu'elles offrent la beauté simple mais féerique d'un conte pour enfants, ces nouvelles révèlent des personnages dont la plupart sont des démunis ou des marginaux face à un monde insolite, parfois ennemi, souvent d'une drôlerie extravagante. [...] Ces personnages participent aux jeux de hasard qu'est la vie, de telle sorte que, son intérêt constamment en éveil, le lecteur risque à tout moment de s'y reconnaître." Stephen Smith, Bulletin de la Société des Professeurs français et francophones d'Amérique [New York] (1988): 296-297.
"Le livre est conçu comme une fausse sonate, dont les trois mouvements seraient marqués : ostinato. C'est le principe de la continuité, de la répétition dans une sorte de vide qui pourrait n'avoir jamais de fin. Les nouvelles de M. Gaétan Brulotte sèment la peur par leur ingéniosité naturelle d'imagination. Ces tragédies peuvent arriver. Le rêve est-il fiction ou est-ce la vie qui devient rêve? Ce qui nous tient amène le lecteur à se répéter toutes ces questions. La portée humaine de Ce qui nous tient, avec ses prolongements dans les possibilités du rêve, m'a intéressé." Jean Ethier-Blais, Le Devoir, 28-5-88, p. D-8.
"Brulotte passe au gril de l'absurde une brochette d'anti-héros dérisoires et exemplaires, singuliers et familiers. […] A travers leurs bizarreries, mesquineries, maladresses, faiblesses, absurdités, nous nous cherchons et reconnaissons en eux. [...] Il s'agit donc d'un texte important et par sa qualité intrinsèque, et parce qu'il marque une volonté de l'auteur de créer une oeuvre une, dans laquelle chaque ouvrage fait partie d'une vaste composition. […] En outre, il faut admirer son style limpide, précis, varié, contrôlé. Il est capable d'aller de la sécheresse d'un document juridique au lyrisme sensuel d'un poème en prose." Gérard Montbertrand, Revue francophone de Louisiane, 1990, 100-101.
"Ce qui nous tient réussit à tenir le lecteur en haleine dès l'instant où le livre est ouvert et à soutenir l'intérêt jusqu'à ce que la dernière page se referme." Claudine Fisher, The French Review (USA), 62.6, Mai 1989, 1089-90.
"C'est de la haute voltige, dont est capable Gaëtan Brulotte, sans renoncer au sens." (…) écriture fascinante", " un auteur qui n'a pas fini de nous étonner". Noël Audet, "Une Ecriture étincelante", in Gaëtan Brulotte: Une Nouvelle Écriture, 1992, 10.
"Ce qui tient ensemble la structure de ces nouvelles, c'est la quête de transcendance qui régit l'action des personnages principaux. (…) c'est la présence récurrente de figures héroïques qui sont déterminées à faire face aux exigences de leurs inquiétudes sociales et individuelles afin de s'affranchir des entraves inhibitrices et de l'absurdité radicale du monde. Dans ce processus de repossession, les liaisons interdites, l'épreuve de l'art, le nomadisme, les bêtises humaines, les contraintes insensées sont autant de facteurs multiples qui poussent ces protagonistes du récit à lutter contre les aberrations de la vie et contre l'insignifiance sociale de leur destin anonyme. En définitive, il s'agit pour eux de s'assurer une cohérence interne par un arrachement à la conformité vicieuse d'un monde qui instaure une faille profonde entre liberté et existence, infini et totalité. Les personnages de Brulotte se rencontrent dans les interstices de cette faille pour conjurer les aliénations et les malédictions sociales dans une vision fondatrice du réel qui permettrait d'échapper au désastre et au sens tragique de la vie." Kanaté Dahouda, in Boivin, Aurélien, dir. Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec 1986-1990, T. VIII, Montréal, Fides, 2011: 123, 125.