Le Surveillant

Ce que la critique en pense

"Gaëtan Brulotte est de ces auteurs qui ont participé de façon significative à l'histoire récente de la nouvelle québécoise (...). Le Surveillant passe pour un recueil emblématique, qui a contribué à donner une formidable impulsion au genre..." Francine Bordeleau, Lettres québécoises 87 (1997), 14.

"C'est assurément Le Surveillant de Gaëtan Brulotte qui marque le pas (...) ce recueil (...) consacre une rupture et annonce le ton, l'orientation que prendra le genre dans l'avenir. Avec une minutie presque maniaque, Brulotte débusque l'absurde, les faux-semblants, voire l'aspect totalitaire que dissimulent les automatismes de façade, les antagonismes sociaux, les rapports hiérarchiques. Ses personnages illustrent bien ce qu'on pourrait appeler, pour reprendre le titre de Freud, une "psychopathologie de la vie quotidienne". Cependant Le Surveillant raconte moins des histoires qu'il ne dépeint des états, Brulotte n'est plus seulement dans la fiction mais dans la métafiction, et ses textes semblent réfléchir sur le processus même de l'écriture..." Marie Caron, Lettres québécoises, 2000, 39.

"...un recueil de dix nouvelles d'une rare qualité. [...] une parfaite maîtrise du genre de la nouvelle. [...] Thématique universelle inspirée de petits faits quotidiens, mais non anodins; sens aigu de l'ironie qui feint de ne pas prendre parti pour ou contre mais s'installe au centre même du discours; habileté dans la construction du texte; intelligence de l'écriture d'une limpidité suspecte, tout fait de ce recueil de nouvelles une grande réussite. [...] Le Surveillant est un livre à la fois drôle et grave, chargé de références et d'échos modernes, qui nous dévoile avec sobriété, à peine un frémissement, l'envers dramatique du monde contemporain. A lire pour gagner du temps." Noël Audet, "L'intelligence de l'écriture", Le Devoir, 18 déc. 1982, 23.

"J'ai donc le plaisir, un peu tardif, de saluer aujourd'hui un écrivain, un vrai, qui sait écrire et qui sait raconter, qui se promène avec une aisance remarquable dans toutes les espèces d'absurde qui composent notre monde. [...] On rit parfois en lisant Gaétan Brulotte. Ce n'est jamais d'un rire franc. Car les situations, même les plus fantaisistes, dans lesquelles il plonge ses personnages ressemblent par trop de traits à celles que nous vivons tous les jours pour que nous n'en éprouvions pas quelque malaise. Les choses pourraient vraiment se passer comme il les raconte." Gilles Marcotte, L'Actualité, avr. 1983, 118.

"Parmi les meilleurs recueils parus depuis de début des années 80." Jean-François Chassay, Spirale, mars 1986.

"Certaines des nouvelles du recueil de Brulotte sont peut-être à compter parmi les meilleurs textes publiés au Québec en 1982, simples, sobres, pourvus d'une sorte d'intelligence de l'émotion originale et riche." René Lapierre, Liberté, avr. 1983.

"L'écriture est belle, élégante, sensuelle. En quelques mots les personnages prennent de la densité, se font réels. Ils sont à la fois vains et tragiques, ridicules et passionnés." Christiane Laforge, Le Quotidien de Chicoutimi (Québec), 24 déc. 1982, 13

"Il n'est pas facile de donner à un recueil de nouvelles un caractère d'homogénéité aussi bien au niveau de l'écriture qu'à celui du propos. Avec le Surveillant, Gaétan Brulotte y est parvenu. [...] Toutes ces figures, toutes ces situations parlent définitivement de la perte et du manque, bref, du désir. Ce que Brulotte semble mettre en jeu, par une sorte d'exacerbation de la loi et de ses corollaires, relève des préoccupations de la modernité. Tout cela se fait en douce, avec une économie de moyens qui rappelle Beckett et Kafka." Marcel Labine, Spirale, Montréal, mars 1983, 3

"Une dizaine de nouvelles au charme un peu traître. Gaétan Brulotte est un ironiste. [...] Les appâts de ces petits pièges littéraires sont nombreux: de la finesse, une certaine drôlerie, une langue très correcte et même élégante, un texte cohérent, très lisible [...]. Mine de rien, poliment, Gaétan Brulotte procède à des démystifications en règle et fait éclater l'absurdité des situations et l'inconscience des individus." Gilles Cossette, Lettres québécoises 29 (Printemps 1983).

"Le recueil de Brulotte est écrit dans une langue impeccable qui épouse souvent la situation décrite: phrases courtes, saccadées, style concis. Cette rare économie de moyens n'est-elle pas la qualité d'un bon écrivain? Brulotte a du talent. On attend la suite de son œuvre bien amorcée avec le prix Robert-Cliche, car il a des choses à dire et sait bien les dire." Aurélien Boivin, Québec français, mars 1983, 3

"Un livre drôle et grave à la fois [...] une maîtrise exceptionnelle." André Gaudreault, Le Nouvelliste, Trois-Rivières (QC), 5 fév. 1983, 14-A

"La force tranquille de l'absurde. [...] On y reconnait [dans le Surveillant] la manière de l'auteur: une bonne maîtrise de ses moyens d'expression et l'adéquation optimale de l'écriture et du propos. [...] [M. Brulotte] est parvenu à donner à ses dix nouvelles, pourtant bien différentes, une unité d'inspiration qui chasse cette impression de morceaux choisis que laissent souvent les recueils de nouvelles. [...] Des nouvelles d'une belle qualité." Réginald Martel, La Presse, Montréal, 12 fév. 1983, D-3

"C'est un problème important que Gaétan Brulotte pose dans ce livre. [...] Gaétan Brulotte a réussi sur un mode humoristique l'un des grands contes philosophiques de notre époque, propre à nous faire réfléchir sur le sens de la vie, sur le travail." Jean Sarrazin, La vie quotidienne, radio de Radio Canada, 8 déc. 1982.

"On est en pleine littérature d'action. [...] Ce sont d'authentiques nouvelles. On n'a vraiment pas l'impression de lire de courts romans. Il y a cette condensation, et là j'insiste vraiment sur le mot, cette condensation qui fait d'une nouvelle en quinze pages une situation totale, un cosmos qui semblerait complet. [...] L'écriture de Gaétan Brulotte est minutieuse, [...] capable d'étalement sériel.[...] Ce ne sont pas les prochains livres de Gaétan Brulotte qu'il faut lire, c'est celui-là. " Gilles Pellerin, Book Club, Radio Canada FM, 24 janv. 1983.

"Gaétan Brulotte est un romancier qui laissera une trace durable dans notre littérature. Il pratique l'économie de mots quand le gaspillage est à la mode. Pas de scories ni de complaisance comme en accumulent parfois des débutants ou même des écrivains de métier. On préfère le raccourci à l'étalement bavard, la discrétion et la pudeur à la provocation. [...] à mesure que l'on progresse dans la lecture de ce livre, se dessine une sorte de libération par l'écriture et la poésie. [...] Cela se termine en beauté et en douceur. C'est aussi cela l'art de la nouvelle. Laisser un souvenir qui puisse à son tour se transformer en rêve. Construire un monde en peu de mots et le regarder vibrer, se transformer pendant quelques minutes, pendant quelques pages." Madeleine Ouellette-Michalska, Livres et auteurs québécois, janv.1983.

"Une écriture différente raffinée, imagée, un tant soit peu fantastique et à la mise bien soignée. [...] Le tout sous le couvert de l'humour [...] un humour à la fois subtil et irrévérencieux. Une langue française habilement menée. [...] Un très beau petit livre." Normand Desjardins, Nos livres, mars 1983, 15

“L'écriture de l'auteur est sobre et sert bien l'absurde, l'angoisse et la solitude qu'incarnent les personnages. Jamais la lecture n'est ennuyante car l'auteur sait aller chercher l'insolite qui se cache Derrière les platitudes du quotidien." Raymond Martin, Moebius 17 (Printemps 1983), 92.

"Dix textes d'une remarquable concision. Dix courtes incursions dans un quotidien qui devient vite nôtre grâce à la précision et à la sobriété d'une écriture très efficace." Paul-André Bourque, Au masculin, août 1983, 31.

“Gaétan Brulotte aime faire l'expérience de la nouveauté, de l'originalité et, dans le fond, de l'étrangeté. Comme les surréalistes, il trouve de l'insolite dans le quotidien le plus élémentaire. Il aime surprendre ses mystères, sa démesure et sa déviance [...] Derrière tout cela, il y a également un corps à corps rassurant/inquiétant avec l'interdit. Et chaque fois une fête du regard. Chaque fois une incursion dans les parties les plus obscures, mais aussi les plus riches de l'âme humaine. Et sûrement toute la densité charnelle d'une écriture exceptionnelle." Gérald Gaudet, L'échange, Trois-Rivières, mai 1981, 1.

"Ce recueil de nouvelles vaut sûrement la peine d'être lu. Il nous fait réfléchir, nous séduit, nous émeut et, cela, dans un style admirable. [...] Gaétan Brulotte est assurément un bon écrivain. Vraiment bon. [...] Il y a des talents qui ne trompent jamais." Claude Wintgens, Image de la Mauricie 7.6 ( mars 1983), 29.

"Il faut être un être profondément humain pour écrire ce genre de texte. Et votre langue écrite est très belle. [...] Dans vos textes, selon moi, il y a tout ça, il y a de la danse, il y a de la chorégraphie, il y a du côté acteur évidemment, du théâtre, c'est cinéma aussi, c'est télévision, c'est radiophonique. Chose assez rare! Après trente et un an de métier professionnel, je peux le dire maintenant: c'est très rare! Et ça c'est depuis la première fois que j'ai fait de vos textes." Julien Bessette, comédien, Radio-Canada, mars 1981; Grimoire, nov. 1981,  20-21.

"G. Brulotte est un redoutable observateur de toutes les formes d'aliénation, subtiles ou grossières. Ses nouvelles sont de courtes mais troublantes incursions au pays de l'absurde [...] G. Brulotte a su trouver le ton laconique ou ironique qui convient bien à ses récits. L'écriture est soignée, précise, parfaitement maîtrisée." André Berthiaume, Livres et auteurs québécois, Presses de l'Université Laval, 1982, 36-37.

"Gaétan Brulotte est très habile et son habileté est à l'image de son écriture qui est très belle, qui est travaillée, qui est minutieuse. [...] C'est peut-être le thème de la liberté qui pourrait réunir les dix nouvelles du Surveillant. [...] J'ai l'impression qu'on ne peut pas trouver dans la littérature québécoise une filiation aux nouvelles de Gaétan Brulotte." Michelle Roy, CKRL FM, Québec, 26 janv. 1983.

"Gaétan Brulotte n'a jamais considéré ni sa vie ni son métier à la légère. [...] Il a toujours choisi les chemins les plus difficiles, les plus exigeants." Pierrette Roy, La Tribune, Sherbrooke (QC), 15 janv. 1983, B-3.

"Je suis l'homme du désert" clame le peintre des espaces difficiles et des expériences arides, l'écrivain des états excessifs de l'écorce terrestre et de l'âme humaine. Cet homme du désert, c'est Gaétan Brulotte. [son] Surveillant est lui aussi un homme du désert." Régis Tremblay, Le Soleil, Québec, 29 janv. 1983, D-3.

"Bien écrit; une lucidité souvent amère." Paul Mancel, Le Devoir, Montréal, 4 déc. 1982.

"Une feuille de route impressionnante. Des marginaux qui ressemblent à tout le monde [...] On se retrouve dans des nouvelles comme "le Surveillant", "le Balayeur", "l'Exalté". [...] Dans le Surveillant, on reconnait le style de l'auteur, son écriture recherchée, précise, originale, sa minutie à développer ses personnages..." Louis-Marie Lapointe, Progrès-Dimanche, Chicoutimi (QC), 26 déc. 1982.

"Il n'y a pas de fioritures [...] Vous allez rire un bon coup, pas toujours, mais souvent. Et ça se lit bien." Jean Malo, Tout sur tout, CHLT TV, Sherbrooke (QC), le 13 janv. 1983.

"Un bon recueil de nouvelles. Petites proses courtes, doucement ironiques, cruellement vraies. Toujours eu peu en deçà ou au-delà de l'événement. [...] Les univers évoqués composent une sorte de kaléidoscope du monde contemporain. " Réjean Beaudoin, Liberté, juin 1987,104-105.
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"L'auteur du Surveillant est sorti de l'univers collectif québécois et s'est mis à la recherche d'une expérience universelle. Il incarne à merveille le nouvel état d'esprit québécois: s'ouvrir sur le monde. (...) Le Surveillant est une œuvre d’une indéniable qualité. Il témoigne de tout le raffinement et de toute la subtilité d’un auteur professionnel et sérieux" Cheryl Demharter, The French Review (USA), avr. 1984.

"Il y a le rythme, c'est écrit pour l'oreille. Il y a les couleurs, c'est écrit pour les yeux. Il y a l'observation incisive et l'humour inquiétant, c'est écrit pour l'esprit." Raymonde L. Leclerc, L'hebdo de Trois-Rivières, 5 mars 1985, 3.

"Gaétan Brulotte est sans nul doute l'un des meilleurs jeunes auteurs signalés par un prix (...) Confrontés à l'insensé de l'Ordre, les personnages s'y investissent si intensément, avec une logique et une absurdité si absolues qu'ils finissent malgré eux par contourner la Loi ou du moins, à en bloquer les rouages. (...) C'est cette coïncidence de la très brève interrogation et d'une fatale abolition de l'être qui fait tout le pouvoir de ces textes. L'utilisation de la nouvelle permet à Brulotte de nous faire participer à une insoutenable légèreté plutôt qu'à une surenchère de profondeur. " Francine Bordeleau, Nuit Blanche 23 ( mai-juin 1986), 33

"La lecture des dix nouvelles rassemblées dans Le Surveillant témoigne de la finesse et de l'importance des techniques d'écriture révélées par les fonctions et procédés littéraires présents dans l'ouverture et la clausule de chacune des nouvelles. Ces techniques apparaissent comme étant le fonctionnement minutieux d'engrenages venant tour à tour séduire, convaincre et solliciter un lecteur auquel Brulotte semble accorder beaucoup d'importance. Ce souci auctorial que l'on a pu remarquer se manifeste en deux temps. D'une part, les ouvertures de chacune des nouvelles invitent le lecteur à entrer rapidement dans un monde qui lui semble familier par le biais de la dramatisation immédiate et par le haptisme - procédé cher à l'auteur - en créant une certaine mimésis. D'autre part, nous réalisons que les clausules fortement accentuées ne correspondent pas souvent aux fins plus conservatrices des récits de cette période. Avec Brulotte, peu de fins en guillotine, car en choisissant de bouder la chute, l'auteur a réussi à bouleverser les habitudes des lecteurs de nouvelles et à ainsi repousser l'horizon d'attente de ces derniers." Estelle Bérubé, Le surveillant : ouvertures et clausules [suivi de] Attentes. Mémoire de maîtrise, U. McGill, 2003. 

"Les lieux ne sont ni nommés ni inclus dans un processus réaliste; il suffit de savoir qu’il s’agit d’un mur, d’un immeuble ultramoderne, d’une rue, d’une station de vacances au soleil. Chacun de ces lieux, alors, de jouer à fond sa fonction thématique de rempart obstructif, de dédale inextricable, de lieu de toutes les contradictions. La représentation importe moins que cette fonction thématique su service de l’absurde. Brulotte excelle à ce détournement. (…) Il y a là une forte cohérence thématique autour de l’aliénation, une grande unité de forme et d’inspiration." André Carpentier, "Le Surveillant", in Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec. T VII (1981-1985), Montréal, Fidès, 2003, 865.

"Le ton ironique propre à l’auteur montre que la vie de ces personnages est peu enviable et qu’on doit se garder de les imiter. En fait, leur sort soulève chez le lecteur une prise de conscience de l’absurde qui incite à la résistance et à la révolte. (...) Chez Brulotte il y a une situation initiale qui n’a rien d’anormal, et c’est dans cette normalité que l’absurde s’insinue discrètement, presque furtivement, jamais de manière ostentatoire, au fur et à mesure que le récit avance et dévoile le non-sens de l’existence et des actions humaines. Aussi la narration n’oppose-t-elle pas les deux niveaux, mais les fond dans une unité de contraires, en créant un monde d’une normalité absurde ou d’une absurdité normale. (…) C'est pourquoi on pourrait conclure que l'absurde «tranquille» de Gaëtan Brulotte n'est tranquille qu'en apparence. Il exprime au fond les inquiétudes de l'écrivain postmoderne et relance sous une forme nouvelle et dans un langage ‘minimaliste et dépouillé’ (J.-P. Boucher), teinté d'ironie et d'humour, l'interrogation sur le sens dans sa double hypostase : sens de l'existence, sens de l'écriture. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que Brulotte a publié en 2003 un essai sur l'écriture intitulé La Chambre des lucidités. Comme si, à l'instar de Kafka, il avait voulu suggérer qu'écrire signifie, avant toute chose, ‘dégager la clarté cachée’." Margareta Gyurcsik, "Kafka de Montréal", XYZ 96 (2008): 65-79.
 
“(…) the collection rises above banality because of Gaëtan Brulotte’s ability to twist seemingly ordinary characters and what they do into absurd and bizarre contortions. Of the 10 stories in the book, most are written from a first-person perspective, though Brulotte does not impose his voice on the characters. Rather he allows them to speak for themselves, to piece together the fragments that form their unique worlds. (..) Brulotte (…) is a witty writer who focuses on the darker elements of everyday life and combines them with an equally dark subtlety and sense of humor.” Martin Waxman, The Globe and Mail, Sept. 15, 1990.

"Explores universals of contemporary life. (…) characters hear secret “voices” that direct and often ruin their lives: the voices of duty, of guilt, of custom and procedure, of professionalism. (…) In still other stories, the “voice” heard is not that of authority but of its opposites, freedom and imagination." Ronald Conrad, Canadian Book Review Annual, Dec 1991.

"Le Surveillant is a work of absurdist literature, but quite different in style from Langevin’s existentialist works. Its black humor resembles Godbout’s in some ways, or to a lesser extent Languirand’s plays, but its philosophical quality makes it quite different from any of these works. While difficult to describe or compare, these stories are anything but difficult to appreciate. Each one is complete, unique, hard-hitting, and memorable." Jo-Anne Elder, Canadian Literature 102 (Fall 1984), 63.

"...belongs to the literature of the absurd, depicts a universal truth: humans engage in senseless activity most of the time and try to make it appear purposeful by finding justification in bending human will and intelligence to the omniscience of an order, for no other reason than it has been given. (…) Sparkling passages (...) together with numerous penetrating insights, keep the reader's interest throughout." Thomas Brown, Québec Studies (Hanover, NH, USA) 3 (1985): 221-222.

"The ten stories of Le Surveillant exemplify various stages of both conceptual and emotive rhetoric, as well as the current of poetic language that not only can reunite intellect and emotion, but that rises above the attempt to influence and ultimately to control the human mind. (…) Although the collection ends on a note of hope, we must not underestimate the warning contained in the collection's title. 'Le Surveillant' enfolds not only the obvious noun phrase but also a disquieting participial construction whose object is imprecise, and whose subject is absent. [...] The threat of the possibility of extinguishing the human desire for freedom, decency, and meaning is always with us; it must be countered by perpetual vigilance." Ruth M. Mesavage "Conceptual Rhetoric and Poetic Language in Le Surveillant by Gaétan Brulotte", Quebec Studies (Hanover, NH, USA), 3(1985): 185, 201.

"L’œuvre se fera surtout nouvellière, Brulotte s’affirmant dès Le Surveillant comme l’un des nouvelliers les plus originaux de notre temps. On l’a souvent noté, le ton, la posture rappellent Franz Kafka et Samuel Beckett par la tendance à vouloir débusquer l’absurde dans les systèmes qui entourent, enrobent, enserrent l’être moderne. Aucune imitation toutefois, Brulotte s’ingéniant à tout parodier, le réel comme le fictif, la folie comme la raison et tous les genres du discours. La seule chose qui demeure identique pendant ce quart de siècle de création, c’est l’écriture, inchangée dans le sens classique du terme, une écriture qui pourrait s’apparenter à celle d’un Stendhal qui aurait fréquenté Lautréamont, Joris-Karl Huysmans, Sigmund Freud, André Breton, Jean-Paul Sartre, Roland Barthes et qui s’amuserait à déjouer toutes les esthétiques, à faire feu de tout bois." Michel Lord, « Gaëtan Brulotte : l’écriture de la folie et de la transgression des genres » in Brèves implosions narratives. La nouvelle québécoise 1940-2000. Montréal, Nota Bene, 2009, 159-160.

"Brulotte a tout pour que ses histoires soient parfaites : scénario simple et saisissant, personnages débordant de vie, descriptions riches en couleurs et détails révélateurs, authenticité. Et il possède surtout « l’étincelle de vie » qui, allumée dans ses récits, ne s’éteint jamais. Toutes les histoires qu’il raconte sont émotivement et rationnellement vivantes. Les lire signifie partager avec l’auteur l’émotion de redécouvrir le monde chaque fois autrement et le plaisir de réfléchir à notre condition humaine avec lucidité et humour." Margareta Guyrcsik, Gaëtan Brulotte ou la lucidité en partage, monographie, 2013.

"En conclusion, la valeur des écrits de Brulotte est dans leur capacité de diagnostic : l’auteur est un analyste de la condition humaine, en ce qui a trait à la temporalité. Son mérite est d'avoir créé des personnages qui, de différentes manières, sont en conflit avec cette situation insurmontable et sont vaincus. L’évasion de la temporalité, dans ses orientations fondamentales, n'étant pas possible, il reste la conscience tragique d'être dans le temps, la lutte dramatique entre l'homme et son état. Dans les oeuvres de Brulotte, ce conflit est très bien représenté. Les voies de fuite ne sont pas capables de résoudre le problème, parce qu'encore trop humaines. Comme chez Camus, l'Immanence est tragique, et le monde est fondamentalement absurde parce qu'injuste à cause de la sanglante mathématique de la mort. Peut-être, comme Heidegger a dit dans une interview au Der Spiegel « à ce point seulement un Dieu peut nous sauver », mais pour les personnages de Brulotte, comme ce Dieu ne s’est pas révélé, ils restent par conséquent dans la lutte." Antonio Rinaldis, Philosopher 27 (2013): 76.
REACTIONS DE LECTEURS

"Il y a un ton, du style et beaucoup d'intelligence et de sensibilité. La première nouvelle, surtout, est remarquable. Inoubliable." François Hébert, directeur littéraire, Éditions Quinze, mai 1982.

"Incontestablement, vos personnages prendraient facilement vie sur scène: ils ont, à travers leur humour désespéré, un poids de vécu et de senti qui les rendent attachants sinon pathétiques." Gérard Poirier, comédien et metteur en scène, le 16 octobre 1980.

"Les pages de l'Exalté sont si fortes et si prenantes. [...] Le rythme est là, et le poids, et l'ouverture. C'est le langage lui-même qui transgresse alors la loi courante et crée sa propre liberté."
Gatien Lapointe, poète. Lettre à l'auteur du 18 janvier 1983.

"Cinq de ces contes m'ont frappé par ce qu'ils disent symboliquement de notre existence quotidienne, de la nullité de la vie: le Surveillant, Atelier 96, Figurez-vous, Cage ouverte, les Cadenas. J'ai souvent évoqué Kafka en lisant ces contes-là. L'humour est délicieux dans l'Indication. Deux autres sont presque des poèmes en prose: la Voix secrète et l'Exalté." Wallace Fowlie, critique américain et traducteur de Proust, Lettre à l’auteur, sept. 1984

« La nouvelle, journalistique ou littéraire (ayant en réalité toutes deux partie liée par la même racine dans la psyché humaine), résulte essentiellement d’une tension  créée par l’attente d’un événement nouveau, inattendu. « Attendez que je vous raconte quelque chose d’inouï !» Dès que cette tension se résout par l’apparition de l’événement, la « nouvelle » n’a plus rien de « nouveau » et perd en conséquence, avec sa consistance, sa raison même d’être nouvelle. Parle-t-on, dans la presse internationale, d’un événement comme la chute d’un avion, la « nouvelle » s’épuise dès que l’on sait combien il y a de morts et la cause de l’accident - prête à se retendre, cependant, à redevenir « nouvelle » si tout à coup on découvre un survivant ou si la cause de l’accident passe au mystère. Alors la nouvelle rebondit.  Mais le propre d’une nouvelle est de s’épuiser avec la chute de la tension, le surgissement de l’événement. Ce que l’on appelle « roman policier », est en fait une nouvelle à tensions multiples, et son apparition historique coïncide exactement avec celle du journalisme événementiel.  Le roman littéraire pour sa part ne conçoit la tension que sur la durée longue élaborée par le style (création de petits univers), Il n’y a pas de tensions dans la Recherche de Proust, sinon celles qui circulent dans le style même de l’œuvre.  La petite madeleine n’est pas un événement, elle suscite tous les accomplissements à venir, y compris l‘édification de l’œuvre. La Recherche est impensable sous forme d’une nouvelle, même longue, elle n’en a pas l’affect.  Proust lui-même l’a bien éprouvé dans Jean Santeuil, sorte de « nouvellisation » anticipée et avortée de la Recherche.  Au fond il faut bien avouer que tout récit est en réalité fondé sur une tension, que l’on ne raconte que pour tendre le discours à autrui - mais la spécificité de la tension-nouvelle réside dans son ambiance qui promeut et promet une « catastrophe » à même sa constitution : la nouvelle littéraire par son appellation, le journal par son exploitation. Arrêtons-nous à une nouvelle de Gaëtan Brulotte, « Le balayeur » (in Le Surveillant, 1982) : cinq pages, dont quatre entièrement consacrées à décrire une moto et son motard dans la circulation folle d’une ville. Il arrive ce qui doit arriver (attendu) : un accident (fait divers, chou gras des gazettes). Mais qu’adviendra-t-il du cadavre ? Tension-nouvelle : rejeté peu à peu vers les égouts par un balayeur insoucieux. A cette nouvelle consacrée à une descente aux enfers correspond le texte « journalistique» de Victor Hugo (Choses vues, 1830-1885) : à la mort de Talleyrand qui avait tenu les rênes de toutes les puissances de l’Europe pendant un tiers de siècle, un balayeur (valet) envoie par mégarde la cervelle du défunt dans les égouts de Paris. Le parallèle est parfait entre les deux textes : la puissance (politique ou motorisée) est ravalée par ce qu’il y de plus bassement trivial (les cloaques des canalisations). Le titre de la nouvelle esquive le « héros » pour héroïser le falot benêt, alors que le titre de Hugo semble dire, comme un paparazzi: « Vous allez voir ce que vous allez voir grâce à ma révélation ». Dans les deux cas, la tension « nouvelliste » est ici à ressort artistement perspicace et brutal. » Jean Marcel, Fractions.

Une leçon pédagogique en ligne (sur Prezi) autour de la nouvelle "Le Balayeur" (Le Surveillant): cliquez ici pour y accéder.